Sénégal : Les peuples de Casamance

une mosaïque d’ethnies.

Carrefour de la sous-région, la Casamance comprend une mosaïque d’ethnies aux traditions et religions différentes.

En Casamance, environ 30 % de la population est catholique, et cohabite sereinement avec les musulmans… L’animisme, accordant aux éléments naturels une force mystique, est encore très présent, constituant une des principales richesse de la région.

Les Diolas (Joolas)

L’histoire de la Casamance, de la Basse Casamance particulièrement se confond avec l’histoire des Joolas. Ils seraient la population autochtone la plus ancienne après les Baïnunks.

C’est l’histoire d’un peuple qui a toujours refusé la soumission et la contrainte au moment où les autres nouaient des relations avec les colonisateurs. Les Joolas sont un peuple, qui, au nom de la religion traditionnelle, refusent la domination de l’homme par son semblable au nom de la richesse, de l’intelligence, de la force ou par usage illicite du pouvoir conféré par les institutions, même religieuses.

La société Joola a une structure horizontale. Elle ne connaît pas de castes. S’il y a une certaine division du travail au plan social, ces structures sociales professionnelles ne sont ni héréditaires, ni étanches. Chaque Joola peut participer à loisir à l’activité qui lui plait. Aucun tabou n’existe à ce propos. Aussi, on peut trouver un homme qui pratique l’agriculture, la musique, la pêche, le tissage, la cordonnerie, la poterie, la vannerie.

Pour l’essentiel, les Joolas vivent dans le Kassa, au Sud de Ziguinchor. Le Kassa est subdivisé en plusieurs terroirs (hank) où vivent des groupes relativement homogènes : les Banjaal (Elubaliin, Enampoor, Essil, Séleki), les Bayott (Nyassia, Brin, Dar Salam, Etomé, Jibonkeer), les Esulëru (Pointe Saint-Georges, Jiromaït, Kagnout, Mlomp, Samatite), les Eyuun (Karunaat, Gnambalang, Siganaar), les Jammaat (Efok et Yutu), les Jembering ou Kuwataï, les Selek (villages de Ukut, Bukitingo, Emaï, Essaut, Jaken, Janten), les Xulufs (Oussouye, Edioungou, Kalabon, Kaxindë, Singaleen). Les Xeer semblent être le groupe le moins étendu : ils sont regroupés derrière Kabrousse, village d’origine d’Aline Sitoé Diatta.

Les Balantes

Ils sont très souvent assimilés aux Bissau Guinéens dont ils seraient une des composantes essentielles. Pourtant, leur implantation au Sénégal est très ancienne et remonterait au XVe siècle.

On trouve les Balantes dans le terroir qui jouxte la frontière avec la Guinée Bissau. Leur nom viendrait de « Alanté » qui signifie l’homme, le peuple. Le terme « balanto » qui signifie les révoltés ou les indomptables a fini par donner Balante qui viendrait semble-t-il des Mandingues. Aujourd’hui leur espace de prédilection est le Balantakunda, dans l’actuelle région de Sédhiou.

La société balante développe un curieux paradoxe : elle est fortement individualiste et collectiviste. Aussi longtemps que la société vit dans l’harmonie, qu’elle n’est nullement perturbée ni par un cataclysme naturel, ni par des actions anthropiques aux conséquences fâcheuses, l’homme n’obéit à aucun chef. Aucune force sociale venue « d’en haut » ne peut exercer un contrôle sur sa volonté.

Cependant malgré qu’il a ses bien propres, le Balante semble lié par un certain nombre d’obligations fondamentales pour la bonne marche du groupe. Il vit en communauté et refuse d’être isolé du reste du groupe, quelque soit son rang et sa richesse. Il occupe ainsi des concessions occupées avec les frères, les sœurs, les neveux et cousins germains et parfois des parents éloignés.

En société balante, toutes les concessions ont leur cabaret propre. Celui-ci est un espace de concertation familiale avant d’être le lieu d’échanges et de règlements de conflits sociaux qui réunit les grandes personnes qui s’y font servir du vin en quantité et en qualité. Le fait important dans le cabaret réside dans le fait que le débat n’est clos que lorsque les femmes interviennent. C’est pourquoi il est dit en société balante que « la voix de la femme est prépondérante  », elles ont toujours le dernier mot étant le sceau de la communauté.

Chez les Balantes, il existe aussi un culte animal lié à la vache, confirmant l’hypothèse d’une parenté étroite avec les Peuls. Les veaux sont baptisés et lorsqu’une vache met bas, un petit festin est organisé.

Les Baïnounks

Selon toute vraisemblance, ils seraient la première communauté à peupler la Casamance, sur un très vaste territoire limité au nord par le fleuve Gambie, au sud par le Rio Cacheu, à l’ouest par l’océan Atlantique et à l’est jusqu’aux environs de Vélingara. Les Joolas se seraient superposés aux Baïnounk, population alors autochtone.

Les Baïnounk portent les mêmes patronymes que presque toutes celles des autres éthnies de Casamance : Diatta, Diémé, Sambou, Sagna, Coly, Manga, Mané, Sadio, etc. tous les peuples de la région baignent dans le même univers culturel et social. Comme pour les Joola, les Balante, les Manjak, les Mankagne, les Baïnounk sont un peuple où il n’existe pas de caste.

Les Baïnounks se considèrent comme des Ujaaxër, c’est-à-dire des hospitaliers qui avait plus à donner qu’à recevoir des autres. Ils sont un peuple qui n’a jamais exercé de guerre de conquête, même pour leur survie. Les différentes traditions racontent que chaque fois qu’ils ont été menacés par des peuples bellicistes, les Baïnounk ont préféré migrer plutôt que de se lancer dans des guerres fratricides.

Le Baïnounk est l’homme de la forêt comme le Joola ou le Balante. C’est de là qu’il tire le maximum de sa subsistance. Elle est sa raison d’être. Il la comprend parfaitement et sait interprète les signes de la forêt. C’est son domaine de prédilection, là où se prenaient les grandes décisions. C’est encore là où le Baïnounk accepte de confier sur les problèmes aigus en rapport avec sa société.

Source : au senegal

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