Sénégal : France Gall et l’Afrique
Une relation privilégiée.
Dès 1985, la chanteuse, morte ce week-end, s’engage auprès de l’association Chanteurs sans frontières, créée pour venir en aide aux victimes de la famine qui sévit alors en Ethiopie.
« France Gall, la Française la plus sénégalaise est décédée », titrait, dimanche 7 janvier, jour de la mort de la chanteuse, le site d’information Dakaractu, rappelant l’« amour » de l’artiste pour ce petit pays de la côte ouest africaine. Dès les années 1980, et tout au long de sa carrière, France Gall a entretenu une relation particulière avec l’Afrique de manière générale, et avec le Sénégal, en particulier.
En 1985, la chanteuse s’engage auprès de l’association Chanteurs sans frontières, créée pour venir en aide aux victimes de la famine qui sévit alors en Ethiopie. Dans le cadre de cette association, dirigée notamment par Rony Brauman, alors président de Médecins sans frontières, France Gall participe à l’album SOS Ethiopie, qui sera vendu à plus d’un million d’exemplaires.
La même année, elle lance, avec son époux, Michel Berger, Daniel Balavoine, Lionel Rotcage et Richard Berry, l’opération humanitaire « Action écoles ». Partout en France, des milliers de comités sont créés dans des établissements scolaires pour récolter des fonds en vue de financer des microprojets dans l’éducation et l’approvisionnement en eau.
Tombés sous le charme du Sénégal, France Gall et Michel Berger achètent une maison sur l’île de Ngor, au large de la presqu’île du Cap-Vert, près de Dakar, la capitale. Dans le village de pêcheurs, situé en face de l’île, ils font construire dans les années 1990 une école maternelle. Elle existe toujours aujourd’hui. Lundi 8 janvier, au lendemain de la mort de la chanteuse, « les élèves lui ont rendu hommage en chanson », rapporte d’ailleurs Samba Diop, pêcheur et guide du village. C’est dans ce pays, rappelait-elle, en 2012, face à Yann Arthus-Bertrand, sur la chaîne Planète +, qu’elle prend également « conscience des problèmes que peut rencontrer le monde, l’Afrique entre autres ».
« Babacar »
C’est aussi là-bas qu’elle rencontre Babacar, qui deviendra, en 1987, le héros d’une des chansons les plus emblématiques de sa carrière. A l’époque, France Gall se trouve au Sénégal pour « Action écoles ». Un soir, alors qu’elle traverse un village, elle voit, « dans le noir », « un petit bébé qui dort ». Elle dit à la maman : « Qu’il est beau ton bébé ! » Elle lui répond : « Si tu veux, je te le donne. » « Quand je suis rentrée à Paris, j’en ai parlé à Michel, six mois plus tard, il me sort cette chanson, Babacar », racontait-elle, il y a quelques années, sur RTL.
Lorsqu’elle retourne sur place tourner le clip de la chanson, elle retrouve Babacar, et décide de donner à sa mère « les moyens de trouver un métier ». « Une belle histoire qui se finit bien. »
Après la mort de sa fille, Pauline, en 1997, France Gall décide de partager sa vie entre la France et le Sénégal. C’est d’ailleurs dans ce pays, disait-elle à Yann Arthus-Bertrand, qu’elle retrouvera « une paix et une vraie sérénité ».
Bien que sa présence fût discrète, France Gall avait noué des liens intimes avec les Lébous, communauté de pêcheurs de la presqu’île de Dakar. Dans le village de Ngor, ils sont nombreux à se rappeler celle qui se baladait pieds nus sur la plage, près des pirogues de pêche. Samba Diop se souvient :
« Quand elle était jeune, elle partait parfois en mer avec nous. Elle venait nous voir dès qu’elle était au Sénégal. A l’annonce de son cancer du sein, elle est venue se recueillir près de notre baobab sacré pour se guérir. C’était devenu un pèlerinage qu’elle faisait avec des amis, comme Gérard Depardieu. Nous étions tous très proches d’elle et tout le monde ici est attristé par son décès. Nous sommes en train de discuter avec les anciens du village pour savoir comment honorer sa mémoire. »
« C’était une sœur pour nous »
A l’annonce de sa mort, de nombreux artistes ont également tenu à lui rendre hommage, notamment le célèbre auteur-compositeur sénégalais Youssou N’Dour :
« C’est une sœur pour nous au Sénégal. Parce que c’est une personne qui a montré et démontré son amour pour le pays et son attachement pour la ville de Dakar et pour l’île de Ngor. »
Il y a quelques années, France Gall expliquait, dans un documentaire, à propos de l’Afrique, combien « la beauté des êtres » y est « flagrante ». Et de conclure : « L’Afrique flamboyante, c’est l’image de ce continent que je veux donner. »
Source : Le monde